mercredi, 18 mai 2005
Ceci pourrait être un éditorial, sauf qu’il n’engage que moi. Il en va ainsi avec Meeting, revue assez singulière pour que le sujet du premier article de son numéro 1 soit l’exposé des motifs qui devraient pousser à ne pas la publier, et projet suffisamment éclectique pour admettre des éditoriaux qui ne reflètent aucune ligne éditoriale.
L’existence de Meeting est liée sur le fond à la problématique qu’elle entend développer. C’est pourquoi sa pertinence, sa forme, son succès ou son échec ne peuvent s’évaluer qu’à la mesure de cette problématique, et du contenu qu’on entend y mettre. Les critiques de François, les doutes de Christian ou les observations de Gilles Dauvé sont motivés par des analyses divergentes sur la question de la communisation et sur la nature de ce qu’on pourrait appeler un « courant communisateur ».
La difficulté de Meeting tient au fait que son propos est d’explorer, si possible sans a priori, les voies de la communisation, alors que les modalités de cette exploration et même son opportunité sont nécessairement fixées par les interprétations qu’on se fait à priori du concept de communisation. Comme ces interprétations sont explicites seulement chez Théorie communiste, certains paraissent en déduire que le propos de la revue n’a de sens que dans une perspective técéiste. Or, ce n’est pas vrai.
Il s’exprime dans Meeting des points de vue sur la communisation qui sont suffisamment en rupture avec celui de TC pour déborder de son cadre conceptuel. Ces différences sont la richesse de Meeting : cela est acquis. Il n’en reste pas moins qu’il faut s’entendre au départ sur un minimum : mais même ce minimum, même seulement la production de la revue et la gestion du site sont déjà source d’approches différentes dues aux divergences de fond.
Le danger est que les participants de Meeting soient d’accord sur l’idée que la revue doit promouvoir un « débat » au sein du « courant communisateur », mais ne s’entendent ni sur le sens de l’expression « courant communisateur », ni même sur celui du mot « débat » : ce qui, au moment du bilan, risque de donner lieu à des discussions sans fin, chacun jugeant la réussite du projet à l’aune de sa définition de celui-ci.
A mon sens, le « débat au sein du courant communisateur » n’est pas limité à la tribune que constituent le revue et son site. Je vois à cela deux raisons : la première, c’est qu’à trop vouloir s’instituer en tant que lieu central de débat, Meeting commettrait une grave erreur. Dauvé le dit, qui explique en gros qu’il est prêt à parler de communisation, mais pas dans Meeting, pour lui trop proche de positions qu’il réfute. Même si je pense que sur ce dernier point il se trompe, il n’empêche qu’il est tout à fait compréhensible que certains préfèrent choisir une voie d’expression qui leur est propre. Meeting ne réussira dans son projet que si la communisation est en débat ailleurs que dans Meeting. Le pire étant que certains, comme le GCI le fait déjà, assimilent le « courant communisateur » à la bande de ceux qui gravitent autour de Meeting.
La seconde raison est que la forme du débat ne saurait se limiter aux types d’analyses que l’on peut trouver dans la revue : et moins encore aux messages du forum du site, dont on a souligné à plusieurs reprise la « cacophonie ». Là, c’est le problème de ce qu’on doit entendre par le mot « théorie » qui est en jeu. Par bien des aspects, lors de conversations, de discussions autour de textes ou d’actions, des questions ayant trait à la problématique de la communisation sont abordées, sans que ces discussions laissent nécessairement une trace dans Meeting. En revanche, Meeting peut certainement laisser une trace dans ces discussions, non comme propagande, mais comme explicitation construite de la problématique. Il y aurait donc une grande cécité à croire que les débats sur le forum du site sont le débat sur la communisation, alors qu’ils n’en sont qu’une partie (et, à mon avis, une partie très mineure), et une aussi grande cécité à juger que le débat sur la communisation impulsé par Meeting est cacophonique, alors que c’est seulement le débat sur le forum du site qui est cacophonique.
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> Ceci pourrait être un éditorial, Patlotch, 21 mai 2005Quelques remarques
La difficulté de Meeting tient au fait que son propos est d’explorer, si possible sans a priori, les voies de la communisation, alors que les modalités de cette exploration et même son opportunité sont nécessairement fixées par les interprétations qu’on se fait à priori du concept de communisation. Comme ces interprétations sont explicites seulement chez Théorie communiste, certains paraissent en déduire que le propos de la revue n’a de sens que dans une perspective técéiste. Or, ce n’est pas vrai.
Il s’exprime dans Meeting des points de vue sur la communisation qui sont suffisamment en rupture avec celui de TC pour déborder de son cadre conceptuel. Ces différences sont la richesse de Meeting : cela est acquis. Il n’en reste pas moins qu’il faut s’entendre au départ sur un minimum : mais même ce minimum, même seulement la production de la revue et la gestion du site sont déjà source d’approches différentes dues aux divergences de fond.
Je partage particulièrement ce diagnostic, et l’idée que Meeting ne s’inscrit pas dans une simple continuité de Théorie communiste. Ceux qui l’expriment sont dans la caricature, peut-être trop impliqués dans cette histoire pour prendre la distance et apprécier ce qui est nouveau, ce qui dans le réel donne de la matière pour aller plus loin. Peut-être que ce point d’étape ne ressort pas assez clairement pour tourner la page... de débats en cercles relativement fermés à leur poursuite sous de nouveaux regards et pour de nouvelles implications.
Le danger est que les participants de Meeting soient d’accord sur l’idée que la revue doit promouvoir un « débat » au sein du « courant communisateur », mais ne s’entendent ni sur le sens de l’expression « courant communisateur », ni même sur celui du mot « débat » : ce qui, au moment du bilan, risque de donner lieu à des discussions sans fin, chacun jugeant la réussite du projet à l’aune de sa définition de celui-ci.
Plusieurs ont souligné que, dès lors que le concept de "communisation" entre sur le marché élargi du blabla, il se prête à toutes sortes de dérives. Je pense nécessaire d’insister sur ce qu’il est et n’est pas du point de vue de Meeting : est-ce si difficile ? "Courant communisateur" a l’inconvénient de s’entendre comme courant de ceux qui sont d’ores et déjà entrés en communisation, qui la pratiquent, en contradiction avec le fait qu’elle est le moment des actes d’abolition, des faire de l’abolition du capital et d’invention de communisme : en somme "courant communisateur" comporte une ambiguité alternativiste s’il n’est pas défini comme l’ensemble des problématiques qu’il ouvre en tenant fermement le concept de "communisation". Sans doute cela n’apparaît-il pas assez clairement dans ce qui serait la raison d’être de Meeting, et cela participe de la cacophonie.
A mon sens, le « débat au sein du courant communisateur » n’est pas limité à la tribune que constituent le revue et son site. [...] Meeting ne réussira dans son projet que si la communisation est en débat ailleurs que dans Meeting.
Cela paraît le minimum à reconnaître, sauf à tordre la posture théoricienne dans son rapport aux luttes de classes. Le reproche peut-il en être fait à ceux qui participent à Meeting ? A mon avis cela tient davantage à ceux qui, de l’extérieur, enferment Meeting dans une unité de vue qui n’existe pas, et une vision fausse de cette unité (par exemple « la perspective técéiste »)
la forme du débat ne saurait se limiter aux types d’analyses que l’on peut trouver dans la revue : et moins encore aux messages du forum du site, dont on a souligné à plusieurs reprise la « cacophonie ». [...] Il y aurait donc une grande cécité à croire que les débats sur le forum du site sont le débat sur la communisation, alors qu’ils n’en sont qu’une partie (et, à mon avis, une partie très mineure), et une aussi grande cécité à juger que le débat sur la communisation impulsé par Meeting est cacophonique, alors que c’est seulement le débat sur le forum du site qui est cacophonique.
Je crois que si le forum est cacophonique, cela renvoie d’abord aux questions et désaccords de fond, et à l’insuffisance de clarté pour dégager les problématiques. Peut-être que cela n’apparaît pas aux yeux des plus anciens, qui ont suivi et participé aux ruptures, aux avancées, et qui se sont séparés en toute connaissance de causes, que cela soit pertinent ou non. Autrement dit il y a une cacophonie inhérente à l’état du débat entre les plus impliqués.
Ensuite, plus formellement, c’est la cacophonie inévitable de la forme "forum", d’autant qu’il n’y a pas ici la moindre animation. D’une certaine façon, toute intervention ne peut qu’ajouter à la cacophonie, dans le mélange des contributions et des interventions à la queue leu leu. Pour un peu, on se retiendrait d’intervenir, pour éviter d’en rajouter, et l’on ne viendrait plus qu’en spectateur (significatif : plusieurs ont témoigné qu’ils lisent les interventions, considéré que Meeting répond à un besoin, mais restent en retrait). Il y a peut-être de ce point de vue des améliorations à apporter dans la gestion du site, sa présentation, l’archivage de textes jalons...
Avec tout ça, je suis un peu embarrassé, parce que j’ai le sentiment d’appeler à davantage de "pédagogie", ou de service après-vente, de mises au point, d’échanges, en définitive...
Une suggestion : peut-être ce non-éditorial devrait-il être complété d’une présentation qui donnerait un peu d’unité au choix des textes retenus, en relation avec les problématiques de fond qui serait la raison d’être de Meeting ?
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